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Bach au piano : mes morceaux préférés et mes conseils pour bien jouer

Jouer Bach au piano, c’est comme fouler des pieds le paradis lorsque l’on est sur Terre. Comme dirait le célèbre pianiste islandais Víkingur Ólafsson, il y a toujours une bonne raison de jouer Bach au piano. Que l’on soit triste, content, nostalgique, en colère, jouer du Bach sur son piano est toujours une bonne idée. Cela nous apporte toujours quelque chose au plus profond de nous. Dans cet article, je vais vous donner quelques idées de morceaux de piano de Bach et aussi mes conseils pour les apprendre efficacement et bien les interpréter.

Les morceaux de Bach au piano qui donnent des frissons

Dans cette première partie, je vais vous donner des idées d’œuvres de Bach à jouer au piano et qui donnent des frissons.

Des morceaux de Bach extraordinairement beaux, qui vous mettent la larme à l’œil, et qui pourraient très bien accompagner des cérémonies religieuses comme celles d’un mariage.

Bach – Sonate pour orgue numéro 4 BWV 528 II Adagio (transcription par Stradal)

J’ai récemment découvert cet arrangement pour piano grâce au pianiste Víkingur Ólafsson, que l’on surnomme aussi le Glenn Gould islandais (pour la petite histoire, le pianiste canadien Glenn Gould est connu pour ses interprétations mythiques de Bach).

Bach – Concerto en ré mineur BWV 974 II, Adagio

Tiens le voici, Vikingur. Cet adagio a été écrit à l’origine au début des années 1700 par un certain Alessandro Marcello. Il a été rendu célèbre par Bach grâce à sa transcription pour clavecin en ré mineur. C’est une œuvre en trois mouvements, mais celle qui nous intéresse est l’adagio, l’un des plus joués. C’est un morceau référence de l’époque baroque. Quelqu’un avait écrit, si tu es compositeur et que l’une de tes œuvres a été reprise par Bach, alors tu as vraiment réussi ta vie !

 

Bach – Symphonie 2 en do mineur BWV 788

Voici un autre type d’œuvre, la symphonie. Comme le prélude et la fugue, la symphonie en trois voix est proposée en couple, c’est-à-dire une invention + une symphonie. L’invention numéro 2 n’est pas géniale selon moi, mais ce qui n’est pas le cas de la symphonie, qui pour moi est la plus belle symphonie de Bach jamais créée. Voici ma modeste interprétation !

Partition gratuite Sinfonia 2 BWV 788

Bach – Partita 6 en mi mineur, Toccata, BWV 830

On ne pouvait pas évoquer Bach au piano sans regarder une vidéo de Glenn Gould et son interprétation sublime de cette Partita. C’est du haut niveau, pas accessible à tous, mais pour le plaisir je vous invite à écouter :

Bach Aria : “Air sur la corde de sol”

Cet air de Bach est probablement le plus célèbre. Il a été composé à l’origine pour instruments à corde, mais nous trouvons de nombreuses transcriptions pour piano.

 

Les morceaux de Bach (un peu plus) faciles pour débutant

Maintenant nous allons voir deux morceaux que l’on peut apprendre et qui sont un peu plus accessibles. Vous allez dire, deux c’est peu, mais c’est déjà ça à apprendre 🙂

Jésus que ma joie demeure, BWV 147

J’ai appris cette cantate de Bach récemment. Elle est magnifique et accessible. A jouer à la période de Noël.

Partition gratuite de Jésus que ma joie demeure

Il existe une autre version plus connue et plus difficile, ici interprétée par Nelson Freire, le feu meilleur ami de Martha Argerich. Il avait l’habitude de jouer cette cantate à la fin de ses représentations à l’occasion d’un rappel. C’est une transcription de Myra Hess, disponible ici en téléchargement.

Prélude de Bach numéro 1 en do majeur BWV 846

C’est l’un des premiers morceaux de Bach que l’on apprend à jouer au piano, en général. C’est le premier prélude du célèbre recueil Clavier bien tempéré de J.S Bach. Dans cette œuvre, nous avons des couples prélude+fugue au nombre de 24. Ce morceau permet d’enchaîner les arpèges.

 

Jouer Bach au piano et la pédale

Ce que j’aime beaucoup avec Bach, c’est que nous ne sommes pas censés utiliser la pédale. En effet, à l’époque où Bach composait, la pédale n’existait tout simplement pas. Pour jouer Bach, vous devez donc ne pas utiliser de pédale, contrairement à lorsque l’on joue du Chopin ou du Schubert.

Le célèbre pianiste Glenn Gould, par exemple, détestait jouer avec la pédale. D’ailleurs, il ne l’utilisait presque jamais.

D’autres pianistes estiment qu’il faut tout de même jouer Bach avec un tout petit peu de pédale, c’est un vaste débat auquel je n’ai pas la réponse, mais juste un humble avis.

Pour moi, Bach et la pédale, ce n’est pas vraiment compatible. Ou alors, vraiment à toute petite dose (pédale pas enfoncée jusqu’au bout, et avec parcimonie).

Cela dit, certains interprètes estiment qu’il faut jouer Bach de manière libre, mais sans tomber dans le romantisme (pas de rubato et de pédale excessive, par exemple), avec un instrument de notre époque, le pianoforte, qui lui, comme son nom l’indique, nous permet de varier l’intensité et la profondeur des notes jouées au piano.

En gros, il faudrait vivre avec son temps, et Bach, s’il avait été là aujourd’hui, aurait peut-être été ravi de voir son œuvre interprétée avec un peu plus de rondeur que ce qu’il l’avait à l’origine prévu. Après tout, il était visionnaire, mais pas devin !

Ajouter de la rondeur sans pour autant utiliser la pédale

Par contre, il est tout à fait possible d’ajouter de la rondeur et de la profondeur à l’interprétation sans forcément appuyer sur la pédale.

Il existe la technique de la pédale au doigt, qui consiste à décoller les doigts plus lentement du clavier afin de faire durer les notes plus longtemps au piano.

Comment apprendre une œuvre de Bach au piano ?

Jouer Bach au piano n’est pas accessible aux grands débutants, car cela demande une maîtrise technique supérieure, une grande concentration dans la coordination de la main gauche avec la main droite.

En effet, Bach excelle dans l’art du contrepoint, c’est-à-dire qu’au lieu de jouer à la main droite la mélodie, et la main gauche l’accompagnement, vous jouez deux ou trois voix totalement différentes, ou en décalé. Pensez au canon.

En harmonie, vous jouez donc des enchaînements d’accord à la main gauche, alors qu’avec l’approche contrapuntique, vous jouez des notes distinctes.

Pour comprendre ce qu’est le contrepoint, vous devez écouter une fugue de Bach, comme celle-ci à 1 min 46 :

Vous voyez bien que la main gauche n’est pas simplement constituée de suites d’accords ou d’arpèges qui accompagnent la main droite. Vous avez des canons. Des voix qui se suivent, se superposent. Tantôt dans les aigus, tantôt dans les graves.

Pour apprendre Bach au piano, je vous conseille donc dans un premier temps d’apprendre chaque main indépendamment de l’autre.

Ensuite, quand vous avez maîtrisé les mains séparées, vous pouvez commencer à apprendre le morceau main ensemble, mais mesure par mesure, et très lentement. Idéalement, vous devez vous servir du métronome, pour partir d’un tempo très très lent, et augmenter le tempo au fur et à mesure que vous arrivez à enchaîner les mesures.

Mieux vaut apprendre une mesure par une mesure, quelques minutes par jour, et vous verrez que progressivement vous arriverez à enchaîner votre œuvre.

Bach au piano, et notamment le contre-point, demande une concentration extrême pour bien savoir coordonner les deux mains qui jouent des notes qui vont dans tous les sens (un sens pas non plus choisi par hasard).

Vous verrez que si vous pensez à quelque chose d’autre, comme les courses pour la pizza du soir, pendant que vous jouez une fugue, vous ferez des erreurs.

Personnellement, pour apprendre la Fugue 2 de Bach et le prélude 2 en Do mineur, j’ai commencé très lentement à un tempo de 80, puis j’ai progressivement augmenté le tempo jusqu’à atteindre 130 à la croche.

Je ne suis pas encore arrivée au tempo initialement prévu, mais petit à petit. J’ai toute la vie pour ça 🙂

Ne vous inquiétez pas, mieux vaut jouer une œuvre plus lentement, et bien la jouer, de manière précise et sans erreur, plutôt que vite et de manière brouillonne.

Pour bien jouer Bach, il faut être précis dans l’interprétation. Et pour moi, cela se fait avec l’aide du métronome. Et vous, avez-vous des astuces ?

2 réflexions au sujet de “Bach au piano : mes morceaux préférés et mes conseils pour bien jouer”

  1. Bach, l’incontournable dans le répertoire pianistique! Son écriture contrapointique est excellent pour l’indépendance des doigts, apprendre à « faire sonner une voix ». Pour ma part losque je travaillais Bach et notamment les fugues j’apprenais toutes les entrées et ne jouais pas le reste. Ca aide déjà à comprendre la partition et voir où nous emmène Bach. Pour moi le maître mot pour jouer et comprendre Bach c’est avant tout le travail tempo lent pour intégrer et digérer la partition. La vitesse vient naturellement ensuite!

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